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• PEINTURE

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Projections paysagères

Thématiques : Perception, mémoire, appréhension
Sujet : Formes de lectures paysagères
Année : 2022
Œuvres : 12

Projections Paysagères est un projet de création directement inspiré des recherches portées sur une sémiologie paysagère. Sommairement, partant de l’idée de base qu’une lecture paysagère purement sémiologique (donc fondée sur un langage visuel exclusivement composé de signes) pourrait suffire à l’appréhension d’un paysage naturel, j’ai souhaité démontrer picturalement comment le phénomène en question pourrait avoir lieu. J’entends par «appréhension» une compréhension intelligente de l’expression visuelle du paysage (de son apparence).

Ainsi, adopter une approche exclusivement sémiologique signifie ne considérer dans le paysage que ses signes et ses traces et, par conséquent, écarter tout ce qui relève du sémiotique (l’image de l’arbre ou d’un arbuste, celle d’un ruisseau ou d’une falaise et ainsi de suite). En écartant toutes ces images que nous partageons dans notre imaginaire collectif, nous sommes donc confrontés à des traces, que nous pouvons comprendre comme tant de signes. Ces traces, ou plus schématiquement, ces signes (si l’on se réfère à la peinture), sont essentiellement de deux sortes : permanentes et éphémères. Les traces permanentes gisent dans les éléments mêmes que l’on retrouve dans le paysage (comme l’arbre), tandis que les traces éphémères découlent des permanentes, comme la conséquence directe de leurs présences (comme l’ombre de l’arbre).

Dans cette recherche, chaque œuvre est pensée telle une évocations paysagères où le “système” paysage (pour emprunter un vocabulaire propre de la linguistique dans laquelle la sémiologie trouve toute sa place) apparaît par une série d’associations formelles et de projections ou d’attributions de sens. Et dans ce système, chque spectateur intervient subjectivement pour interpréter ce que la peinture lui propose. 

Ainsi, de simples tâches deviennent des arbres, suggérant parfois la présence d’un bosquet ici ou celle d’un relief là-bas. Le phénomène en question est donc celui d’une projection paysagère là où l’observateur, face à l’œuvre, associe aux signes observés des sens spécifiques, en vue d’une lecture intelligible.

Afin de rendre tout leur sens aux traces qui composent ces impressions paysagères, je n’emprunte qu’une seule couleur par planche, ce qui donne lieu à des paysages exclusivement monochromes, de sorte à garder le regard concentré sur les traces marquant le papier. Le choix de monochromes principalement bleus est essentiellement dû au fait que le bleu est, par nature, une couleur reposante, ce qui facilite la lecture des planches et l’appréciation des paysages évoqués (paysages imaginaires). Par ailleurs, il s’agit là d’une recherche exécutée exclusivement sur des supports papier en raison de la faculté de ce médium à absorber davantage que la toile. En effet, par ses qualités, le papier permet au traces révélées à chaque coup de pinceau de se préserver comme telles, tandis que le blanc de sa surface devient un élément clef de la lecture paysagère s’opposant, comme dans certains courant artistique (ex. : la peinture chinoise), à des formes pleines donc, aux traces révélées par les coups de pinceaux.