D’origine franco-italienne, Jérôme Boccia commence son parcours artistique aux Beaux-Arts de Venise, dans une filière dédiée aux nouvelles
technologies pour les arts. En 2019, à la suite d’une spécialisation en
études cinématographiques et de réalisation audiovisuelle à l’université de Falmouth, au Royaume
Uni, c’est à Paris qu’il s’installe. Il s’inscrit en
master de recherche à l’École des Hautes Études en Sciences
Sociales (EHESS) où il continue de s’intéresser à l’art et aux questionnements philosophiques qu’il soulève. Sa
recherche portera sur une phénoménologie du paysage naturel. En 2022, il
décide de retourner à la création artistique en rejoignant
l’Ecole supérieure d’art de Liège. Il y entame une période de création en peinture nourrie
des recherches menées à Paris. Depuis,
il vit et travaille entre Lille et Dunkerque en Hauts-de-France, auprès
de Fructôse
– base effervescente de soutien aux artistes.
Pratique
et Recherche
« Ma fascination pour l’environnement et sa phénoménologie a toujours été un penchant personnel et l’envie d’apprendre à connaître le paysage environnant a constamment déterminé l’évolution de ma recherche artistique. Cette vocation m’a amené à réfléchir à de nouvelles formes d’observations environnementales. Dès lors, j’ai naturellement commencé à m’intéresser à trois disciplines : la sémiotique, la sémiologie et la phénoménologie. Apprendre à connaître notre environnement proche signifie considérer les formes et les marques qui le constituent, à savoir, les éléments les plus remarquables et les plus évidents d’un paysage et, considérer ces éléments de lecture peut parfois révéler la présence de formes d’existences plus discrètes. Alors, les relever et en interroger le rôle et la symbolique, devient un moment important de ma recherche, d’où m’engager vers de nouveaux récits possibles et vers de nouveaux imaginaires. »
« Plus concrètement, dans ma recherche la plus récente, inspirée par l’AILLEURS, qui devient une métaphore de l’environnement marin, les bulles d’air, en qualité d’indice, deviennent une forme d’existence aquatique. Mais ces indices n’évoluent jamais seuls car d’autres éléments de lecture les accompagnent. Ceux-ci étant à caractère éphémère, viennent enrichir l’appréciation environnementale d’un ton, par la suggestion d’une ambiance identitaire et particulière. Le ton clair ou trouble de l’eau, par exemple, devient, lors de l’observation, un élément de lecture environnementale à caractère éphémère. Or, ces autres éléments de lecture, réductibles à des phénomènes atmosphériques, sont également tant d’indices que j’interroge, que j’observe et qui inspirent mes créations, la peinture m’aidant en cela à donner corps à des paysages imaginaires. Il est donc question d’une peinture évocatrice et poétique, une peinture de la mémoire et de la rêverie, évoluant à mi chemin entre l’abstrait et le figuratif, à l’aide d’une économie de gestes complétée d’une précision du signe. »
« En dépit de mon intérêt pour une litterature de type philosophique et scientifique, représentant au sein du procédé de création une influence majeure, une part importante d’inspiration me vient également de mes expériences personnelles. Le travail d’introspection, de réflexion et de questionnement visant à faire de l’experience personnelle l’objet-graine d’un geste de création, reste une dimension omniprésente. Par-là, une source d’inspiration prévaut, il s’agit de la mémoire : un terrain d’enquête aussi fert ile que riche en resources. »
Jérôme Boccia,
dans les ateliers de Fructôse à Dunkerque, FRANCE.